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3. Socrate, le premier philosophe

exercice

Étudier l'extrait de "L'apologie de Socrate" de Platon en répondant aux questions à la fin du texte.

préalable
  • Comprendre le contexte de ce dialogue
  • Comprendre qui était la Pythie, l'oracle de Delphes
  • Écouter l'extrait lu par Denis Podalydès
  • Lire l'extrait et répondre aux questions

Contexte de l'Apologie de Socrate

info

L'Apologie de Socrate est une œuvre de Platon qui met en scène le procès de Socrate. Il doit se défendre à l'héliée de deux chefs d'accusation :

  • Corruption de la jeunesse
  • Impiété

En réalité, Socrate s'est fait des ennemis à Athènes : des savants et hommes politiques.
Au terme des débats, il sera condamné à l'exil, puis à la peine de mort.
Dans l'extrait étudié, Socrate prend la parole et se défend. Il explique comment une parole de la Pythie l'a poussé à aller interroger les savants athéniens sur leurs connaissances.
Cet extrait nous donne une idée de ce qu'est la philosophie pour Socrate.

L'oracle de Delphes

Mettre les sous-titres en français

Extrait de "l'Apologie de Socrate" (Platon) lu par Denis Podalydès

Étude du texte

Platon, Apologie de Socrate (extrait)
Vous connaissez certainement Chéréphon. Lui et moi, nous étions amis d'enfance (...). Un jour qu'il était allé à Delphes, il osa poser au dieu la question que voici — de grâce, juges, ne vous récriez pas en l'entendant — il demanda donc s'il y avait quelqu'un de plus savant que moi. Or, la Pythie lui répondit que nul n'était plus savant. (...) Lorsque je connus cet oracle, je me dis à moi-même :
« Voyons, que signifie la parole du dieu ? Quel sens y est caché ? J'ai conscience, moi, que je ne suis savant ni peu ni beaucoup. Que veut-il donc dire, quand il affirme que je suis le plus savant ? Il ne parle pourtant pas contre la vérité ; cela ne lui est pas possible. »
Longtemps, je demeurai sans y rien comprendre. Enfin, bien à contrecœur, je me décidai à vérifier la chose de la façon suivante.
J'allai trouver un des hommes qui passaient pour savants, certain que je pourrais là, ou nulle part, contrôler l'oracle et ensuite lui dire nettement :
« Voilà quelqu'un qui est plus savant que moi, et toi, tu m'as proclamé plus savant. »
J'examinai donc à fond mon homme ; inutile de le nommer, c'était un de nos hommes d'État ; or, à l'épreuve, en causant avec lui, voici l'impression que j'ai eue, Athéniens. Il me parut que ce personnage semblait savant à beaucoup de gens et surtout à lui-même, mais qu'il ne l'était aucunement. Et alors, j'essayais de lui démontrer qu'en se croyant savant il ne l'était pas. Le résultat fut que je m'attirai son inimitié, et aussi celle de plusieurs des assistants. Je me retirai, en me disant :
« À tout prendre, je suis plus savant que lui. En effet, il se peut que ni l'un ni l'autre de nous ne sache rien de bon ; seulement, lui croit qu'il sait, bien qu'il ne sache pas ; tandis que moi, si je ne sais rien, je ne crois pas non plus rien savoir. Il me semble, en somme, que je suis tant soit peu plus savant que lui, en ceci du moins que je ne crois pas savoir ce que je ne sais pas. »
Après cela, j'en allai trouver un second, un de ceux qui passaient pour encore plus savants. Et mon impression fut la même. Du coup, je m'attirai aussi l'inimitié de celui-ci et de plusieurs autres.
Je continuai néanmoins, tout en comprenant, non sans regret ni inquiétude, que je me faisais des ennemis ; mais je me croyais obligé de mettre au-dessus de tout le service du dieu. Il me fallait donc aller, toujours en quête du sens de l'oracle, vers tous ceux qui passaient pour posséder quelque savoir. Or, par le chien, Athéniens, car je vous dois la vérité, voici à peu près ce qui m'advint. Les plus renommés me parurent, à peu d'exceptions près, les plus en défaut, en les examinant selon la pensée du dieu ; tandis que d'autres, qui passaient pour inférieurs, me semblèrent plus sains d'esprit. (...)
Telle fut, Athéniens, l'enquête qui m'a fait tant d'ennemis, des ennemis très passionnés, très malfaisants, qui ont propagé tant de calomnies et m'ont fait ce renom de savant. Car, chaque fois que je convaincs quelqu'un d'ignorance, les assistants s'imaginent que je sais tout ce qu'il ignore. En réalité, juges, c'est probablement le dieu qui le sait, et, par cet oracle, il a voulu déclarer que la science humaine est peu de chose ou même qu'elle n'est rien. Et, manifestement, s'il a nommé Socrate, c'est qu'il se servait de mon nom pour me prendre comme exemple. Cela revenait à dire :
« Ô humains, celui-là, parmi vous, est le plus savant qui sait, comme Socrate, qu'en fin de compte son savoir est nul. »
1. La Pythie est la prêtresse et l'oracle d'Apollon. Elle livre des prophéties aux Athéniens qui viennent la consulter. Pourquoi Socrate est-il étonné de sa réponse à Chéréphon ? Comment réagit-il à cette réponse ?
2. Quelle découverte Socrate fait-il après son enquête auprès des savants athéniens ?
3. En quoi la dernière phrase du texte pourrait être une définition de la philosophie ?

Complément : deux vidéos sur Socrate

Un documentaire sur Socrate et la naissance de la philosophie

Une émission sur Socrate

Émission de la châine de télévision franco-allemande Arte